MAUDITS - IN SITU : Critique Vinyle d'un Album Post-Metal que vous allez détester aimer
Avertissement : Si vous pensiez que le Post-Metal avait rendu l'âme dans un énième nuage de réverbération fade et prévisible, détrompez-vous. Maudits débarque avec In Situ, et ils sont venus non pas enterrer le genre, mais le remettre en terre avec une audace si dérangeante qu'on se demande si c'est du génie ou de la pure provocation. Préparez vos tympans à des montagnes russes émotionnelles, et votre portefeuille, car oui, cette galette mérite d'être dans votre collection. Nous allons décortiquer pourquoi cette œuvre de 2025 est à la fois la meilleure chose et la plus épuisante que vous ayez écoutée cette année.
🎧 L'expérience "In Situ" : Quand le Violoncelle veut vous briser le cou
Soyons clairs. L'intégration d'un violoncelle dans un mur de son Post-Metal n'est pas une nouveauté. C'est même devenu un cliché éculé, le couteau suisse émotionnel du groupe qui veut se donner une profondeur "classique". Cependant, chez Maudits, ce n'est pas un accessoire. C'est l'arme de destruction massive. Là où d'autres groupes l'utilisent pour caresser, Maudits vous l'enfonce sous les côtes. Le violoncelle de In Situ n'est pas là pour apaiser la tempête de guitares rugueuses, il est là pour la rendre infiniment plus douloureuse et mélancolique.
L'album se déploie en une série de crescendos qui ignorent superbement les règles non écrites du genre. On pourrait presque les accuser de trop en faire. Trop d'intensité, trop de ruptures, trop de sentiments exposés. Mais c'est précisément là que réside le génie sarcastique de In Situ : il prend tous les codes du Post-Metal — la lenteur, la construction atmosphérique, l'explosion cathartique — et les pousse jusqu'à l'absurde, jusqu'au point où l'auditeur se sent manipulé, avant de se rendre compte qu'il aime ça. Les huit minutes d'ouverture vous promettent un voyage, mais ne vous préviennent pas que vous serez attaché à votre siège pour la durée.
🤯 La provocation de la reprise : "Roads" de Portishead, le blasphème sublime
Arrivons au point de friction le plus délicieux : la reprise de "Roads" de Portishead. Un choix audacieux ? Non, un coup de poker magistral, frôlant le blasphème. Reprendre un monument trip-hop aussi fragile et iconique pour le passer à la moulinette Post-Metal, c'est comme ajouter de l'acide sulfurique à un thé à la camomille.
Ce que Maudits réussit ici, c'est de capter l'essence désespérée et claustrophobe de l'original, tout en le faisant exploser en un mur de réverbération doom. Là où Beth Gibbons murmurait l'angoisse, Maudits la hurle, non pas vocalement, mais à travers la saturation et le désespoir d'un riff final qui s'éteint, non pas en douceur, mais comme un moteur qui lâche brutalement sur l'autoroute. Certains crieront à la trahison. Les autres, ceux qui ont compris la démarche, se demanderont pourquoi cette reprise n'est pas le standard ultime du Post-Metal. Un morceau qui justifie à lui seul l'achat de l'album, juste pour pouvoir débattre de son existence en société.
🔊 L'Analyse Piste par Piste : Les Ténèbres Détaillées
Le vrai travail d'orfèvre se trouve dans les profondeurs de l'album, loin des coups d'éclat du violoncelle. In Situ est un album qui récompense l'écoute répétée, où chaque couche révèle une nouvelle nuance de misère organisée.
Piste 3 - "In Situ" : Le Manifeste Doomesque
Cette piste est le point de non-retour. Elle commence avec une fausse accalmie, un murmure qui vous fait croire à la possibilité d'un happy end. Puis, l'inévitable s'abat. C'est le moment où le groupe canalise directement Neurosis (leurs influences ne sont pas un secret, mais ici, elles sont assumées avec arrogance). Les voix, rares et gutturales, sont plus un signal d'alarme qu'un chant, noyées dans un mixage qui favorise la lourdeur et la texture. C'est l'essence du Post-Metal : une chanson qui vous rappelle pourquoi vous n'écoutez pas ce genre en faisant la vaisselle.
Piste 6 - "Carré d'as" : La Mélodie Subversive
Ironiquement, c'est peut-être la piste la plus "accessible" de l'album, ce qui, dans l'univers de Maudits, signifie qu'elle ne dure "que" six minutes et contient une mélodie que vous pourriez vaguement fredonner. La guitare s'éloigne brièvement des accords de puissance pour explorer une texture presque cinématique, rappelant le meilleur de Cult of Luna. Mais ne vous y trompez pas : ce n'est qu'un piège. La fragilité est là pour accentuer la brutalité du mouvement final, le petit moment de lumière avant l'extinction totale.
📜 Histoire, Influences et le Poids de la Scène Française
Maudits n'est pas né d'hier. Formé en 2015 sur les cendres de projets plus éphémères de la scène underground française, le groupe a rapidement compris que pour exister dans ce genre saturé, il fallait non pas réinventer la roue, mais la recouvrir d'une patine de désespoir unique.
- Nom : Maudits (Un nom qui promet ce qu'il livre : la damnation auditive).
- Genre : Post-metal/Doom Cello.
- Origine : France (Porte-étendards d'une scène française souvent trop discrète).
- Évolution : Après un premier album plus classique (2018) axé sur les structures d'Amenra, `In Situ` marque une affirmation de leur identité avec l'intégration agressive d'instruments classiques et une production plus lourde.
- Influences Clés : Neurosis, Amenra, Cult of Luna (pour la structure), Portishead (pour l'ambiance et les choix audacieux).
- Anecdote : La rumeur veut que le groupe ait enregistré une partie des pistes de violoncelle dans un tunnel de métro abandonné pour obtenir cette réverbération naturelle et angoissante.
| Album | Année de sortie | Verdict Lapidaire |
|---|---|---|
| Maudits | 2020 | La fondation solide. Essentiel, Ambient mais manque de violoncelle agressif. |
| Précipice | 2023 | Plus expérimental, en progression notable. |
| In Situ | 2025 | Le chef-d'œuvre. L'album qui vous rappelle pourquoi vous avez peur du silence. |
🏆 Le Coin du Collectionneur : Faut-il Craquer pour la Galette ? (Spoiler : Oui)
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Arrêtons les fadaises. L'achat de In Situ en vinyle n'est pas un acte de consommation, c'est une déclaration d'amour à l'artisanat. Nous ne parlons pas ici d'une énième édition numérique, mais d'une galette dont la physique même rend hommage à la lourdeur du son.
La plupart des éditions sont pressées en Vinyle 180 grammes, le standard de facto pour qu'un disque puisse résister à la violence des vibrations post-metal. Recherchez l'édition limitée couleur (souvent un marbled grey/black ou un translucent smoke) qui est devenue un graal dès les premières semaines. Le packaging est souvent un Gatefold soigné, avec des artworks qui rappellent l'esthétique dévastée et minimaliste du groupe. Le Pressage Sonore : C'est le point crucial. Le mastering pour le vinyle semble avoir été traité séparément du streaming. Les basses sont plus profondes, la dynamique mieux respectée, et le violoncelle gagne en chaleur et en présence. Là où le format numérique peut parfois compresser les explosions, le vinyle donne de l'air aux longs silences angoissants, rendant les crescendos encore plus punitifs. L'écoute de la Face B, qui contient la fameuse reprise de Portishead, est une expérience à elle seule, où le saphir retranscrit la saturation des guitares avec une fidélité brutale. Ne vous contentez pas d'écouter, vivez le pressage. Ce n'est pas juste un disque, c'est une œuvre d'art sonique, indispensable à toute étagère qui se respecte. Prenez-le ici avant qu'il ne soit trop tard et que les spéculateurs ne s'en emparent : Obtenez Maudits - In Situ (Vinyle). |
📝 Résumé : Un Bilan Négativement Positif
In Situ de Maudits (le Bandcamp officiel de Maudits) est un album qui vous détestera. Il est lourd, il est long, il est exigeant, il est sarcastique dans son approche du pathos. Il prend toutes les conventions du Post-Metal pour les torturer jusqu'à ce qu'elles demandent grâce. Mais c'est précisément parce qu'il refuse d'être un album de genre facile qu'il est indispensable. C'est la preuve que la scène française a encore des choses brutales à dire. Si vous cherchez un fond sonore pour votre prochaine séance de méditation, passez votre chemin. Si vous cherchez une œuvre qui vous mette au défi et vous récompense par une catharsis viscérale, alors cet album est la nouvelle référence.
🙏 Remerciements et Injonction à Commenter
Merci d'avoir survécu à cette analyse clinique et passablement irritée de ce qui est sans doute l'un des albums les plus importants de 2025. Maintenant, assez de silence. J'ai exposé mon point de vue, souvent avec mauvaise foi, mais toujours avec passion. Votre tour ! Quelle est la piste que vous trouvez la plus insupportable de beauté ? Et avez-vous remarqué cette subtile différence de mastering entre le vinyle noir et l'édition couleur ? Laissez votre commentaire cinglant ci-dessous. Les retours tièdes seront ignorés.



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